mercredi 30 janvier 2008

Scandale à la Société Générale dans un climat de crise

REVUE DE PRESSE




Jérôme Kerviel, trader de 31 ans à la Société Générale, défraie la chronique depuis plusieurs jours. Hier, plusieurs journaux français sont revenus sur le scandale : comment un homme seul a-t-il pu détourner 4,9 milliards d’euros ?

Pour Laurent Joffrin, dans l’éditorial de Libération du lundi 28 janvier, la réponse est simple : il n’a pas pu. Il voit plutôt Jérôme Kerviel comme un « rouage minuscule d’une machine mondiale » au moment où la crise des subprimes contamine peu à peu les bourses du monde entier. Selon lui, Kerviel et le PDG de la banque, Daniel Bouton, « ne sont dans l’affaire que les pâles boucs émissaires d’un système devenu fou ».
Le Figaro va plus loin. Dès le titre, le quotidien émet une hypothèse qui dérange : « Un délit d’initié à la Société Générale ?». Ce journal révèle en effet qu’ « un des administrateurs de la Société Générale a vendu 85,7 millions d’euros d’actions de la banque le 9 janvier. Soit bien avant la chute du titre et la révélation de l’affaire Kerviel ».
De même, Ouest-France fait part de son scepticisme quant à la seule responsabilité de Jérôme Kerviel. Dès le titre de son éditorial du 28 janvier, le quotidien laisse planer « un parfum de suspicion sur la finance ». Il estime ainsi que « plus on avance dans le dossier de la Société Générale, plus le chapeau de la responsabilité unique paraît bien large à porter pour le trader », ajoutant : « plus on s’interroge aussi sur la communication tardive et le management peu transparent de la direction ».
Tout comme Libé qui parle d’un système « fou » et qui titre sa une du 28 « le procès de la finance folle », Ouest-France estime que le cas de la Société Générale n’est qu’un exemple mais constitue « une alerte rouge » sur « une planète financière mondiale singulièrement déboussolée ». La Tribune, journal économique, partage aussi ces avis : dans son édito, le quotidien fait état d’ « une défaillance profonde des modes de fonctionnement de la finance », plus qu’il ne revient sur le cas Kerviel en lui-même.

Plus loin de la polémique et des questions qui planent sur les véritables responsables, Le Parisien et la Croix, reviennent sur la mise en garde à vue du « courtier le plus célèbre au monde » (pour paraphraser le Parisien) dans leurs éditions du 28. Le Parisien annonce qu’une information judiciaire est ouverte contre M. Kerviel et contre X pour « ‘faux et usage de faux’, ‘introduction dans un système automatisé de données informatiques’, ‘abus de confiance’ (…) ainsi que ‘pour tentative d’escroquerie’ ».
La Croix, lui, précise que la garde a vue a été prolongée dimanche et que les avocats de l’accusé « ont clamé son innocence et mis en cause la banque », l’accusant de vouloir «‘élever un écran de fumée’ pour détourner l’attention du public de pertes beaucoup plus substantielles ».
Cependant, comme le rappelle ce journal, la version officielle demeure celle d’une escroquerie à titre personnel. Selon La Croix, Christine Lagarde, ministre des Finances, a déclaré lundi 28 janvier « qu’il semble que le courtier ait agi seul », mettant ainsi en cause les allégations de nombreux journaux sur les vrais responsables de l’affaire.

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