Les sanctions mises en place par la loi Davsdi de 2006 ne semblent pas effrayer les téléchargeurs.
Julien , 27 ans, administrateur réseaux à Lyon, télécharge depuis 8 ans. Il nous explique pourquoi les sanctions ne dissuadent pas et comment les comportements risquent d’évoluer.
La France compte 9 millions d’internautes qui téléchargent illégalement, d’après des chiffres de 2006. Elle détient le record de la part d’internautes n’ayant jamais téléchargé de contenu payant : 51%, selon une étude I-Date/Médiamétrie de février 2007. Que vous inspirent ces chiffres ?
Julien : C’est normal ! On nous propose un service payant pour ce que l'on peut trouver de façon rapide, facile et gratuite, tout en ayant les mêmes paramètres au niveau de la qualité.
Vous faites partie de ces millions d’internautes français qui téléchargent illégalement. Vous êtes adepte du peer-to-peer?
J : Je me sers de ce programme très régulièrement pour obtenir tout type de fichiers numériques. Mais le p2p (peer-to-peer, NDRL) est connoté de façon très négative dans l'esprit des usagers courants, on l’assimile à du piratage alors que c’est juste un logiciel de partage, qui s'inscrit parfaitement dans l'idéal d'internet. Avant tout, c’est un service d'échange personnel entre utilisateurs. Après, que cela soit utilisé pour diffuser des œuvres "copyright", soit, mais confondre les deux est malsain.
Les chiffres du téléchargement illégal ne faiblissent pas en dépit des sanctions qui existent. La loi de 2006 menace pourtant internautes et fournisseurs d'une peine maximale de 300 000 euros et 3 ans de prison. Comment expliquer que les Français n’aient pas peur?
J : La loi est difficile à mettre en place; il manque une réelle infrastructure matérielle pour contrôler ce téléchargement. Les gens le savent. Et puis, les internautes condamnés sont-ils si nombreux? Ca reste tout même minime si on fait le quota des condamnés et de ceux qui ne le sont pas.
Dans les faits, les internautes sanctionnés n’ont été, en général, condamnés qu'à des sommes modiques, en moyenne 1 à 2 € par fichier téléchargé. Trouvez- vous ces sanctions adaptées?
J : On vole le travail d'un artiste, d'une maison de disque ou d’une société de production, donc c'est normal. Mais si l’on réfléchit, on nous dit de ne pas télécharger, pourtant on instaure un véritable marché autour des produits qui nous y aident : platine dvd lisant les formats divx, baladeurs numériques, cd et dvd vierges. Il y a là un paradoxe.
Justement, certains internautes plus malchanceux ont été victimes du « paradoxe » dont vous parlez. En France, la peine maximale prononcée pour avoir copié des films à usage personnel a été de deux mois de prison avec sursis et 200 000 euros d'amende.
Qu’est-ce que cela vous inspire?
J : Le p2p va évoluer, tout simplement. Il existe plusieurs clients p2p cryptés et cela se développe. Si les peines augmentent, on migrera vers ce genre de logiciel, qui assure un anonymat supplémentaire, donc une traçabilité plus difficile à faire. Aujourd’hui, le protocole p2p est à l'ère préhistorique : nos adresses IP (adresses de nos ordinateurs, NDRL) sont très facilement trouvables. En incluant un protocole de cryptage dans les données échangées, c’est beaucoup plus difficile de savoir qui fait quoi.
Propos recueillis par Vanessa Barbier.
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