A petites foulées, battant les allées dallées de ses baskets rouges, les joues légèrement rougies par le froid, Sarah s’adonne à son footing hebdomadaire. Depuis peu, cette trentenaire pratique son activité favorite au parc Clichy-Batignolles, 147 rue Cardinet, dans le 20e arrondissement de Paris. Une partie est encore en cours d’aménagement dans cet espace paysager de 10 hectares qui devait s’implanter à l’origine dans le projet de village olympique de Paris 2012. Finalement, Paris ne décrocha jamais la candidature de ville candidate mais le projet d’aménagement du parc a été maintenu. Organisé autour de trois thèmes, les saisons, le sport et l’eau, l’ensemble devrait être finalisé d’ici octobre.
« Je suis en RTT et j’en profite pour courir. Je fais mon footing tous les mercredis ici. Cet endroit est calme. Je le fréquente depuis l’ouverture, ou presque. C’est ouvert sur la ville et en même temps, on s’en sent coupé », confie Sarah. Pratique et agréable donc, pour cette jeune femme sportive, qui habite à un quart d’heure du jardin.
Joggeurs mais aussi enfants, grands-parents et nounous sont au rendez-vous. Grâce à l’aire de jeux, au skate parc, mais aussi à des bancs plus spacieux, l’endroit privilégie les activités comme la détente. Mais le principe premier du parc Clichy-Batignolles était d’être un espace vert écologique.
La couleur est donnée dès l’entrée. Un panneau annonce : « dans les jardins aussi, vous pouvez trier » et à cet effet, des poubelles jaunes, blanches et vertes sont à disposition. Le panneau rappelle les bons usages en matière de tri sélectif. Les poubelles jaunes sont destinées à recevoir les objets en plastique ou métalliques, les canettes et le papier, les blanches reçoivent les bouteilles et bocaux en verre, et les vertes, les papiers et emballages non recyclables et les déchets alimentaires.
Si les enfants qui jouent au skate parc ou au toboggan semblent loin de ce genre de préoccupations, certains habitués y trouvent leur compte. Comme Roger, un retraité qui fréquentait déjà l’endroit avant qu’il ne soit repensé. « J’habite le quartier et j’aime m’asseoir à l’air libre avant d’aller déjeuner. Tant qu’à tout refaire, c’est bien d’avoir intégré une dimension écologique. Mais je ne suis pas sûr que ce soit la raison numéro une pour laquelle les gens viennent ici », admet-il cependant.
Les initiateurs du projet ont pourtant pensé à tout pour faire de l’endroit le poumon vert du quartier. Anciennes installations rénovées, nouvelles pelouses qui ne seront ouvertes qu’au printemps, jeux modernes et design pour les enfants, allées dallées et petites collines aménagées… et bien sûr poubelles jaunes, vertes et blanches pour permettre le tri sélectif. Les architectes et paysagistes sont même allés plus loin en installant une éolienne qui domine une petite colline.
Matthias, un autre habitué, reste dubitatif sur l’impact que le lieu a vraiment sur la vie du quartier. S’il aime prendre sa pause déjeuner ici comme il travaille dans le coin de Brochant, il explique qu’il n’a pas besoin d’un tel concept pour avoir l’âme écolo. « Je n’ai pas besoin d’un parc avec éolienne et sacs poubelles de couleurs différentes pour pratiquer le tri sélectif. Ni même pour me soucier de l’environnement. » Cependant il apprécie l’initiative : « Mais c’est une bonne idée d’avoir allié l’utile à l’agréable, et d’avoir incorporé un parc de ce genre dans ce quartier, qui, je n’ai pas peur de le dire, est pourri. Je suis un peu sévère mais franchement, c’est vrai. »
Réveiller les consciences éco-citoyennes, un but noble certes, mais difficile à atteindre donc, aux dires de certains, dans un quartier populaire où les gens n’ont peut-être pas ce genre de préoccupation pour priorité. « Je crois qu’il faudrait plus de parcs de ce genre », ajoute Matthias. En réalité, d’autres parcs « écologiques » sont implantés à Paris depuis peu, pour permettre à tous de redécouvrir leur quartier sous un autre aspect, à l’heure où la question de l’environnement est de plus en plus préoccupante. « Si ce genre de parcs peut réveiller les consciences et initier les gens au tri sélectif et au respect de l’environnement, pourquoi s’en priver ? », résume encore Matthias.
En effet, du travail reste encore à faire pour atteindre ce but. Un coup d’œil à la poubelle blanche à la sortie du parc suffit à nous en convaincre : des cannettes de bière traînent à côté des bouteilles de verre…et en sortant du parc, circulation, paysage gris et détritus sur le trottoir reprennent leurs droits.
samedi 9 février 2008
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